Corneille, ma noire
corneille qui me saoules
opaque et envoûtante
venue pour posséder ta saison et ta descendance
Déjà l’été goûte un soleil de mûres
déjà tu conjoins en ton vol la terre et l’espace
au plus bas de l’air de même qu’en sa hauteur
et dans le profond des champs et des clôtures
s’éveille dans ton appel l’intimité prochaine
du grand corps brûlant de juillet
Corneille, ma noire
parmi l’avril friselis
Avec l’alcool des chaleurs nouvelles
la peau s’écarquille et tu me rends
bric-à-brac sur mon aire sauvage et fou braque
dans tous les coins et recoins de moi-même
j’ai mille animaux et plantes par la tête
mon sang dans l’air remue comme une haleine
Corneille, ma noire
jusqu’en ma moelle
Tu me fais prendre la femme que j’aime
du même trébuchant et même
tragique croassement rauque et souverain
dans l’immémoriale et la réciproque
secousse des corps
Corneille, ma noire