Se perdre dans le bleu Klein – Nice

Yves Klein réalise des peintures monochromes. Après des monochromes de diverses couleurs, il privilégiera le bleu outremer. Ce bleu, extrêmement saturé, est selon lui « la plus parfaite expression du bleu». Ce pigment dont le spectre d’absorption comporte des creux particulièrement marqués ne peut pas être imité. Si on parvient à reconstituer sa tonalité, on n’obtient pas la clarté, qu’on améliore qu’au détriment de la pureté5.

Yves Klein est fasciné par le pigment pur, poudre mate, volatile, insaisissable et fragile, qui exprime pour lui « la sensibilité picturale à l’état pur », la matérialité immatérielle, la substance

Les liants qui permettent de fixer les pigments sur le support modifient toujours leur couleur. La composition chimique d’un pigment ne détermine pas complètement la couleur d’une peinture. Chacun peut constater que l’aquarellechange de couleur en séchant : c’est que les propriétés optiques du liant influent sur la couleur. Le liant de la peinture humide est composé principalement d’eau, tandis que le pigment sec est simplement collé par de la gomme arabique qui ne l’enveloppe pas. L’indice de réfraction différent modifie l’angle sous lequel les particules de pigment sont éclairées, et, si celles-ci sont transparentes, l’angle sous lequel la lumière les traverse. Il en va de même pour l’huile ; le smalt donne un beau bleu en tempera, mais est terne à l’huile. Pour un monochrome, on peut rechercher un liant mieux adapté au pigment unique qu’on envisage que l’huile, convenable pour tous les pigments de la palette du peintre, et adoptée en vue de la peinture figurative.

Après avoir essayé plusieurs liants traditionnels, Yves Klein demande en 1956 à son ami et marchand de couleurs Édouard Adam6 un liant qui donne à la couleur du pigment bleu outremer toute sa profondeur. Il se tourne vers Rhone-Poulenc dont les chimistes lui proposent un liant qui se rétracte en séchant, laissant apparaître le grain du pigment.

Il se décide finalement pour un acétate de vinyle de Rhone-Poulenc, le Rhodopas M7. Cette substance servait normalement de fixatif. Utilisée seule, elle donne un rendu mat8. Son pouvoir adhésif permet de l’employer en très petite quantité par rapport au pigment. Cette qualité préserve, autant que possible, l’aspect du pigment en poudre pur

 

 

 

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Thème(s) : Catégories Hiver, Urbain

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